Marketing du minimalisme : privilégier la qualité à la quantité

J’ai récemment regardé le film documentaire intitulé « Minimalism : a documentary about the important things », qui suit durant 10 mois « The Minimalists », deux auteurs américains parcourant les Etats-Unis pour promouvoir leur livre « Live a meaningful life » et le mouvement minimaliste. Ce film m’a particulièrement touché à différents niveaux, qu’il s’agisse de la manière dont nous consommons (ou surconsommons), mais également au niveau de nos relations avec les autres, les choses, et ce qui nous entoure. La question étant : qu’est-ce qui a du sens à mes yeux, pour lequel je souhaite lui donner plus de valeur ? Comment développer un marketing du minimalisme ?

Pourquoi développer un marketing du minimalisme ?

Je me suis d’abord posée la question suivante : les entreprises et les marques cultivent-elles ce marketing du minimalisme ? En quoi cela consisterait-il ? Selon moi, une entreprise dite « minimaliste » serait une entreprise aux valeurs responsables, qui serait sensible et actrice au développement durable, depuis sa façon de consommer jusqu’à ses choix stratégiques de partenariats et de clients, et bien entendu, sa stratégie marketing.

Car oui, je suis persuadée que l’on peut être responsable au niveau éthique sur nos choix marketing :

  • choisir nos partenaires fournisseurs et distributeurs en fonction de leur proximité géographique,
  • choisir des matériaux simples (et recyclés idéalement) pour nos packagings et supports de communication,
  • privilégier des systèmes de gestion à distance, avec nos collaborateurs et partenaires, afin de limiter les déplacements,
  • réduire les postes de dépenses superflus en privilégiant le confort avant tout (inutile d’avoir 150m2 de bureaux si vos équipes travaillent en home office, non ?),
  • privilégier la communication digitale pour les échanges de premier niveau,
  • privilégier la qualité pour des échanges plus directs, au travers d’événements plus humains et plus proches (saviez-vous que vous pouviez inviter vos clients à déjeuner ou à un petit-déjeuner ? 🙂 )

Le marketing du minimalisme deviendrait alors un marketing alliant valeurs morales et sociétales et aurait pour conséquence directe un impact favorable en termes d’image de marque.

Comment cultiver le marketing du minimalisme ?

Le minimalisme est un concept qui cherche à donner plus de sens à nos actions, à notre mode de vie, en limitant la quantité pour privilégier la qualité :

  • Qualité des produits que l’on possède,
  • Qualité dans nos échanges avec les autres,
  • Qualité de vie.

D’un point de vue marketing, cela pourrait se traduire pour l’entreprise de développer son business autour de produits ou de services à valeur utile pour son marché, et en se concentrant uniquement sur cela. Limitez vos investissements coûteux en packaging et impression, et privilégiez vos dépenses en développement de solution utile pour vos clients, comme une application mobile ou un service client en ligne réactif et efficace.

Privilégiez vos dépenses en répondant avant tout au besoin initial de vos clients

A l’ère du digital, je trouve encore cela très surprenant lorsqu’une entreprise ne propose pas de solutions web et mobile pour faciliter l’utilisation de ses produits à ses clients. Il suffit de se poser la question pour que cela nous paraisse évident :

  • Votre client préfère-t-il une solution digitale aux fonctionnalités utiles pour son process ou recherche-t-il avant tout un produit design ?
  • Votre client préfère-t-il réaliser des économies grâce à votre produit ou est-il plus soucieux du packaging qui sera oublié sitôt le produit déballé ?
  • Votre client préfère-t-il gérer ses contrats à distance ou aime-t-il encore recevoir tous vos documents administratifs par courrier ?

C’est en se posant ce genre de questions, parfois un peu caricaturales, que l’on revient à l’essentiel et l’utile : que souhaite mon client ? Où dois-je porter mes efforts ?

A force de vouloir redoubler d’efforts sur tous les tableaux (Design, R&D, Communication, Publicité, …), la plupart des entreprises en oublient le besoin initial de leur client : une solution qui réponde avant tout à son problème.

Cultiver le marketing du minimalisme en interne

Fédérer ses équipes autour d’une démarche minimaliste pourrait faire peur à certains, alors qu’il suffit simplement d’initier la même démarche de bon sens : que souhaitent mes collaborateurs ?

  • Votre salarié préfère-t-il travailler en mode nomade ou aime-t-il absolument venir travailler au bureau ?
  • Votre salarié préfère-t-il manger entre collègues dans une cuisine partagée ou aime-t-il aller au restaurant tous les midis ?
  • Votre salarié préfère-t-il un cadeau personnalisé de sa Direction ou préfère-t-il des bons cadeaux standards ?

Pourquoi travailler sur un plateau de 150m2 lorsque vos collaborateurs préfèrent travailler de chez eux ou chez vos clients ? Pourquoi investir dans une nouvelle salle de réunion lorsque les moments d’échanges se font surtout lors du déjeuner dans votre salle de pause ? Pourquoi investir dans des postes de dépenses « superflus » lorsque vous pouvez gratifier vos salariés avec vos économies réalisées ?

Adopter un marketing du minimalisme

A la lecture de cet article, vous pourriez vous dire que c’est déjà ce que votre entreprise réalise : elle s’évertue à proposer un produit à valeur utile pour ses clients et un environnement de travail efficace et agréable pour ses salariés. Certes, mais avez-vous songé comment vous pourriez vous dépossédez de certaines choses pour améliorer la qualité de vos produits et la qualité de votre environnement de travail ?

Privilégiez l’utile, le pratique et la qualité

Dans le film « Minimalism », l’un des auteurs filmés présente sa valise qu’il transporte pour sa tournée de 10 mois : toutes ses affaires ne tiennent que dans une seule valise, de la taille d’un bagage à main selon les standards des compagnies aériennes ! A cela il ajoute : « je n’ai pas beaucoup de vêtements, mais tous ceux que j’ai sont mes vêtements préférés que j’aime porter souvent sans me lasser. J’ai donc misé sur la qualité avant la quantité. »

On pourrait traduire cela en entreprise par la réduction de la taille des bureaux individuels, pour privilégier les espaces communs en leur offrant plus de confort. On pourrait également traduire cela par l’augmentation de la taille des équipes de développeurs pour proposer plus de services utiles aux utilisateurs. De plus en plus de commerciaux nomades font appel aux solutions du Grand Public telles que BlablaCar et Airbnb pour se déplacer et se loger à moindre frais, tout en bénéficiant de nouvelles rencontres et de nouvelles expériences. Le service Achat ne devrait-il pas optimiser les dépenses de l’entreprise en privilégiant les nouveaux modes de consommation ?

Moins d’individualisme et plus d’expériences à partager, voilà ce qui résumerait parfaitement le concept du minimalisme.

Quant à la démarche commerciale de l’entreprise, on peut supposer que le principe phare du minimalisme, à savoir redonner de la valeur aux choses, modifierait les critères de ciblage de prospection. Et si l’entreprise visait des projets où elle pourrait réellement apporter sa valeur, tout en partageant des valeurs plus sociétales ?

Pour ma part, j’essaie au travers de mon activité BY Consulting, de travailler avec des clients qui privilégient la qualité de leur offre avant tout : à mes yeux, les notions de design produit, packaging et communication papier sont importants, mais pas urgents pour répondre au besoin initial. C’est sans doute la raison pour laquelle je collabore de plus en plus avec des startups qui sont complètement dans ce type de démarche : qui ont « rogné » pour une question de coût leur confort de bureau, pour miser sur le développement de leur produit. C’est le cas par exemple avec Pulse Origin, Hydrao ou encore EbikeLite, startups grenobloises hébergées au sein de pépinières ou d’incubateurs pour limiter leur dépenses, et bénéficier de compétences techniques supplémentaires.