Les femmes entrepreneures : pourquoi la parité reste-t-elle hors de portée ?

Les femmes entrepreneures : pourquoi la parité reste-t-elle hors de portée ?

La percée limitée des femmes dans l’entrepreneuriat

Malgré une augmentation visible du nombre d’entreprises créées par des femmes, ces dernières restent sous-représentées dans l’écosystème entrepreneurial global. Les données affichent une progression, passant de 27,3 % de créations d’entreprises par des femmes en 2018 à 33,1 % en 2023, mais ces chiffres masquent les nuances sectorielles importantes où les disparités demeurent criantes.

Traditionnellement, les femmes s’orientent plus fréquemment vers des secteurs comme l’habillement, le social, ou la santé. Les domaines jugés plus techniques ou à dominance traditionnellement masculine, tels que l’industrie lourde ou le BTP, voient encore très peu de femmes à leur tête. Ce constat souligne non seulement une division sectorielle mais aussi une barrière implicite liée aux préjugés et stéréotypes de genre.

Des stéréotypes de genre persistants

Les stéréotypes de genre jouent un rôle considérable dans la perpétuation de la disparité entre hommes et femmes dans l’entrepreneuriat. Ces clichés peuvent influencer négativement la perception de la capacité des femmes à diriger, en particulier dans des secteurs non traditionnels pour elles. Par exemple, Fleur Phelipeau, en décidant d’ouvrir une usine, a dû faire face à des questions répétées sur qui allait diriger l’usine, sous-entendant des doutes sur sa capacité à le faire elle-même.

De telles attitudes peuvent aussi affecter l’accès au financement, volet crucial dans la mise en place et l’expansion d’une entreprise. Une étude de 2022 montre que les femmes entrepreneures présentent des plans de financement plus modestes et reçoivent des montants prêtés inférieurs de 33 % par rapport à leurs homologues masculins.

Le manque de soutien financier et institutionnel

Le parcours de financement est semé d’embûches pour les femmes entrepreneures, les confrontant souvent à des défis supplémentaires pour accéder aux ressources nécessaires. Cette réalité est aggravée par une faible présence féminine parmi les investisseurs et les décideurs dans le monde des affaires, renforçant un cercle vicieux de sous-représentation.

La mobilisation d’initiatives comme celle lancée en 2019, visant à financer 25 % de start-up dirigées ou cofondées par des femmes d’ici à 2025, marque une étape positive, mais le chemin reste long. L’investissement dans des entreprises dirigées par des femmes doit non seulement augmenter en quantité mais aussi gagner en visibilité pour encourager davantage de femmes à entreprendre.

Mixité croissante dans des secteurs atypiques

En réponse à ces défis, des initiatives telles que Batifemmes cherchent à introduire de la diversité dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes, comme le BTP. Cette plateforme connecte des clients avec des plombières, des carreleuses ou des menuisières, proposant un modèle économique respectueux du travail des femmes en ne prélevant aucune commission sur les travaux.

Ces politiques montrent qu’avec le soutien adéquat, il est possible de renverser les tendances et de créer un environnement plus inclusif pour les femmes entrepreneures.

Conclusion : Vers un changement de paradigme

Les barrières auxquelles se heurtent les femmes entrepreneures ne sont pas insurmontables. Avec un engagement accru de toutes les parties prenantes, notamment en termes de modification des attitudes et d’accroissement du soutien financier et institutionnel, la parité dans l’entrepreneuriat peut progressivement devenir une réalité. L’exemple de femmes pionnières et le soutien par des initiatives spécifiques sont des étapes cruciales vers ce changement.